• Le 31 mars 1889, à quelques semaines de l’ouverture de l’Exposition universelle de Paris, on inaugure la tour Eiffel. Son concepteur, l’ingénieur Gustave Eiffel, peut fêter l’événement : il a réussi son pari ! Mais en cette journée de printemps, il a une raison supplémentaire de se réjouir… car cette date est aussi la pendaison de crémaillère de son nouvel appartement. 

     

    Vue imprenable

    Tour Eiffel vue depuis le Trocadéro, 1889, Bibliothèque du Congrès, Washington 

     

    Perché au quatrième étage, à presque 300 mètres du sol, ce logement est le plus haut du monde ! Et avec plus de 100 mètres carrés, les invités peuvent être nombreux. Pourtant, Gustave se garde bien d’y faire monter tous les curieux qui lui en font la demande. Il refuse même de lucratives propositions de location courte durée venant de personnages très influents. 

     

    Vue imprenable

    Les Appartements de M. Eiffel à la plate-forme du quatrième étage (285 mètres du sol) Musée d’Orsay, Paris 

     

    Cette vue imprenable, Gustave ne l’offre qu’à ceux dont il a envie de partager la compagnie. Il reçoit ainsi Thomas Edison, le célèbre scientifique inventeur du phonographe, et lui montre le laboratoire météorologique qu’il s’est installé. Mais s’il y en a une à qui Gustave ne ferme jamais sa porte, c’est Janine… son arrière-petite-fille. De santé fragile, elle serait venue chaque semaine y prendre un grand bol d’air frais ! 

     

    Vue imprenable

    Le Belvédère de M. Eiffel (290 mètres du sol), Musée d’Orsay, Paris 

     

    De cet appartement bourgeois, il ne reste aujourd’hui presque plus rien. Peu à peu, les locaux techniques nécessaires au bon fonctionnement des antennes ont grignoté l’espace. Pour les plus courageux ou les plus curieux, il est tout de même possible d’en voir un dernier fragment. En montant le petit escalier depuis la troisième plateforme, on peut jeter un œil à travers les fenêtres. Mais comme au temps d’Eiffel, il ne faut pas espérer y mettre les pieds ! 

     

    Vue imprenable

    Edward Linley Sambourne, Caricature de Gustave Eiffel en forme de tour Eiffel, 1889, Bibliothèque du Congrès, Washington 

     

    Vue imprenable

    Nadar, portrait de Gustave Eiffel, photographie, 1888 

    Article paru dans Artips 


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  • Connaissez-vous l’immeuble le plus étroit de Paris ?

     

    C’est sur les quais de Seine, dans le très chic VIIème arrondissement, que l’on trouve cet immeuble atypique, dont la porte mesure quasiment la moitié de la taille de l’immeuble.

    Sa grande porte bleue foncé est plus grande que celles des immeubles voisins. Mais sa grandeur compense la petitesse de l’immeuble auquel elle appartient: à elle seule, la porte fait quasiment la moitié de la taille de l’édifice. Quant à sa largeur, c’est très simple, elle est égale à celle de la porte. Soit 2,50 mètres... Où sommes-nous ? En plein VIIème arrondissement de Paris, au numéro 13 du Quai Voltaire. Ce minuscule immeuble contraste avec les immeubles massifs du quai.

    Outre son immense porte, cet immeuble possède aussi une très jolie façade sculptée et ornée de deux balcons en fer forgé. On découvre aussi mascarons, torchères, et consoles à tête de lion. Des détails sur cette façade atypique et discrète, dont on pourrait facilement passer à côté sans la voir. On pourrait penser que cet «édifice pygmée» avec vue sur la Seine est arrivé là par hasard, d’un coup de baguette magique.

    Mais il existe - vous vous en doutez - une explication beaucoup plus rationnelle : à l’origine, il existait un passage desservant un hôtel particulier, situé sur une parcelle en retrait du quai. C’est dans ce passage que l’immeuble est venu s’imbriquer.

     

    Un phénomène loin d’être isolé à Paris

    L’existence d’un petit immeuble - ou autre bâtiment - coincé entre d’autres immeubles plus massifs, offrant ainsi du relief au tissu urbain, est loin d’être un phénomène rare à Paris. Au contraire ! Si vous vous promenez dans le XIIIème arrondissement, vous trouverez au numéro 45 de la rue Pascal une minuscule maison de 3,50 mètres de large, coincés entre deux immeubles en pierre de taille. Jusqu’en 1903, la maisonnette avait deux voisines... qui ont été emportées par une opération immobilière. Idem au 39, rue du Château d’Eau dans le Xème arrondissement. Une porte et une fenêtre pour cette maison qui est la plus petite de la capitale : seulement 1,10 mètre de large pour 5 mètres de haut !

    Dernier exemple, qui mêle Histoire et construction. Le livre Paris, immeubles insolites* raconte l’histoire du 7 bis, boulevard Saint-Germain (Vème arrondissement). Pour se rendre compte de l’épaisseur de l’enceinte de Philippe Auguste - un système de fortification urbain construit à Paris, à partir de la fin XIIème siècle - il suffit de se poster devant cet immeuble de cinq étages. Il a été construit (au début du XXème siècle) précisément dans l’espace vacant laissé après la démolition de l’enceinte !

     

    *Paris, immeubles insolites. Livre de Dominique Lesbros édité aux éditions Parigramme, 13,90 euros.

    Article paru dans Le Figaro


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  • Où l’on découvre un coup de foudre qui fait mal. 

     

    Les ailes au vent, l’épée levée, la statue dorée de saint Michel a fière allure. Elle brille de mille feux au sommet du Mont-Saint-Michel. Mais cette œuvre du sculpteur Frémiet n’est pas seulement là pour décorer : elle joue un rôle essentiel…

    Lors des restaurations du Mont-Saint-Michel au XIXème siècle, les architectes souhaitent résoudre un problème récurrent. Le rocher monumental est seul dans la baie, pas un arbre à l’horizon. Alors quand la foudre s’abat, c’est souvent sur les bâtiments du mont. Et cela a provoqué de nombreux incendies au fil des siècles ! 

     

    Des trous et des ailes

     Emmanuel Frémiet, Saint Michel terrassant le dragon, 1894-1897, cuivre doré, 4,50 m de haut, Mont-Saint-Michel

     

    Pour éviter une nouvelle catastrophe, la solution est vite trouvée. On construit une grande pointe au sommet de l'îlot.

    Tout en haut de cette flèche est installée la statue de saint Michel, cet archange chargé par Dieu de détruire le Mal. 

     

    Des trous et des ailes
     

    Le Mont-Saint-Michel : Vue générale - Départ du train, début du XXe siècle, carte postale, collection particulière

     

    Dirigées vers le ciel, les ailes et la pointe de l'épée sont parfaites pour attirer les éclairs ! De plus, le matériau utilisé, le cuivre, conduit facilement l'électricité.

    Donc si la foudre tombe, ce sera à tous les coups sur la tête du saint. Grâce à cela, le reste du Mont-Saint-Michel est sauvé ! 

     

    Des trous et des ailes
     

    Emmanuel Frémiet, Saint Michel terrassant le dragon, 1894-1897, cuivre doré, 4,50 m de haut, Mont-Saint-Michel 

     

    Et la statue joue bien son rôle protecteur du mont. Un siècle après son installation, il est décidé de lui refaire une petite beauté.

    On découvre alors les traces laissées par la foudre… La sculpture est criblée de trous gros comme le poing ! 

     

    Des trous et des ailes

    Hélitreuillage de la statue de saint Michel lors de la restauration de 1987

     

    Des trous et des ailes

    Emmanuel Frémiet, Saint Michel terrassant le dragon, vers 1897, cuivre, Musée d’Orsay, Paris 

    Article paru dans Artips


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  • À 91 ans, il construit seul une cathédrale depuis plus de 50 ans

    À 91 ans, il construit seul une cathédrale depuis plus de 50 ans

    À 91 ans, il construit seul une cathédrale depuis plus de 50 ans

    À 91 ans, il construit seul une cathédrale depuis plus de 50 ans

     

    A 91 ans dont 53 passés à construire cet immense édifice religieux, l’heure de la retraite n’a toujours pas sonné pour Justo Gallego, infatigable constructeur et chef de son propre chantier, dans la banlieue madrilène.

    http://immobilier.lefigaro.fr/article/a-91-ans-il-construit-seul-une-cathedrale-depuis-plus-de-50-ans_70227d4c-4cbf-11e6-bee6-a9412e1d6494/#xtor=EPR-1 

    Sans formation spécifique, ni soutien financier ou plan d’ingénierie, voilà désormais plus d’un demi-siècle que ce seul et même homme s’attelle à la construction d’une cathédrale. C’est dans le village de Majorada del Campo dans la banlieue madrilène que Justo Gallego Martinez, 91 ans, travaille seul à la construction de ce monumental édifice religieux depuis maintenant 53 ans. Placée au beau milieu de la ville, la Cathédrale de Nuestra Señora del Pilar encore non achevée surprend par ses dimensions impressionnantes: une surface de plus de 8000 m² répartie sur cinquante mètres de long, et une hauteur qui culmine à trente mètres!

    Une construction hétéroclite immense, toute en matériaux de récupération

    C’est après avoir quitté les ordres que l’autodidacte et père de cet immense chantier aussi joliment surnommé « Don Justo », a décidé de se consacrer à ce que l’on peut sans hésiter appeler le travail d’une vie. Sur ses propres terres et grâce à son financement, il s’est attelé à la construction de cette immense chapelle en s’inspirant d’autres bâtiments religieux avec toutefois une différence non négligeable: l’utilisation exclusive de matériaux de récupération ! Briques et tuiles des usines à proximité, bidon d’essence, armatures en fer, boîtes en carton et seaux de peinture, tout a été réutilisé par le constructeur, tout de même ponctuellement aidé par l’un de ses neveux et un assistant.

    Et pourtant, cette cathédrale n’a rien à envier à ses homologues, bien au contraire! Témoins de la richesse de son architecture, on peut y découvrir une vaste salle paroissiale, de nombreuses colonnes et vitraux, un cloître et une crypte, un immense dôme et même un baptistère, spécificité architecturale chrétienne. Les couleurs vives et l’allure complètement originale et hétéroclite du bâtiment lui confèrent un style tout à fait particulier. D’ailleurs aujourd’hui, tant grâce à l’homme qu’à l’œuvre, la cathédrale gagne en renommée et de nombreux visiteurs s’y rendent pour admirer l’envergure du travail accompli. Attention, ils sont prévenus! La visite est gratuite mais une pancarte affiche sans équivoque qu’en l’absence de normes de sécurité, le visiteur est seul responsable en cas d’accident.

    Afin de sauvegarder ce patrimoine touristique exceptionnel, le Ministère de la Culture a donc été sollicité et devrait vraisemblablement fournir des aides pour la sécurisation du bâtiment. Mais le futur propriétaire des lieux ne sera autre que l’Église catholique, à laquelle Justo Gallego souhaite faire don de sa construction.

    Article paru dans Le Figaro


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  • Au XVIIIe siècle, la vie est plutôt agréable pour les pensionnaires de l’Académie de France à Rome. Logés et nourris, ces jeunes artistes ont pour seule consigne d’étudier les chefs-d'œuvre de la capitale des arts.

    Pendant ces quelques années privilégiées, il leur arrive même de recevoir leurs premières commandes. C’est le cas du peintre Vien : il doit réaliser une série de tableaux sur le thème de sainte Marthe. Mais tout ne se passe pas comme prévu… 

     

    L’art de la sieste
     

    Alexandre Roslin, Portrait de Joseph-Marie Vien, XVIIIe siècle, huile sur toile, 50 x 38 cm, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles 

     

    L’art de la sieste

     Joseph-Marie Vien, La Prédication de sainte Marthe, 1748, Collégiale royale Sainte-Marthe, Tarascon 

     

    Pour représenter quelques personnages secondaires, Vien a besoin d’un modèle âgé et barbu. Le peintre fait donc poser à plusieurs reprises un vieil ermite qu’il a rencontré dans les rues de Rome.

    Durant les séances de pose, le vieillard prend l’habitude de jouer des airs sur son violon.
    Alors que Vien en est à peindre l’un de ses pieds, il remarque que la musique s’est arrêtée. Levant les yeux de son chevalet, le peintre s’aperçoit que son modèle… s’est tout simplement endormi !
     

     

    Sans perdre un instant, il s’empare d’une feuille et dessine sur le vif le vieil homme en pleine sieste, son violon en équilibre sur la cuisse. La scène est si amusante qu’il décide d’en faire un tableau. Une fois éveillé, l’ermite est absolument ravi : quel honneur pour lui de devenir le sujet principal d’une œuvre ! 

     

    L’art de la sieste

     Joseph-Marie Vien, L’Ermite endormi, 1750, huile sur toile, 2,23 x 1,48 m, Musée du Louvre, Paris 

     

    Quand Vien expose le tableau à Rome, il fait l’unanimité. La toile rencontre un tel succès que l’ermite lui-même ne peut aller la voir sans attirer une foule de curieux.
    Aujourd’hui, dans l’œuvre de Vien, le cycle de sainte Marthe est un peu oublié, alors que L’Ermite endormi est accroché en bonne place au musée du Louvre !

    L’art de la sieste
     

    Giovanni Battista Piranesi, dit Piranèse, Vue du palais Mancini, où se trouvait l’Académie de France à Rome, gravure, 40 x 62 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris 

    Article paru dans Artips 


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