• Essuyer les plâtres

    Au sens propre : habiter une maison neuve

    Au sens figuré : être le premier à subir les conséquences fâcheuses d’une situation expérimentale ou d’une période de nouveautés.

     

    « Essuyer les plâtres » est une expression connue depuis 1783 mais n’entre dans les dictionnaires qu’à partir de 1835. Ce retard est sans doute dû à la pratique peu convenable associée à cette locution.

     

    Le plâtre désigne le sulfate de chaux hydraté que l’on emploie en construction (puis par métonymie ce qui est fabriqué en plâtre), ainsi lorsque l’on se trouve être le premier à habiter une maison neuve où le plâtre est encore humide on « essuie les plâtres » !

     

    Cette situation causait de nombreux désagréments physiques… Il semblerait qu’à l’époque on donnait on donnait ces maisons aux filles publiques jusqu’à ce que les plâtres soient secs, c’est alors qu’on les mettait dehors sans façon pour récupérer et habiter le logement. Peut-être est-ce alors la situation de ces femmes qui a donné naissance au sens figuré de cette expression : être le premier à subir les difficultés, les conséquences et les désagréments d’une situation nouvelle, d’une période d’essai.

     

    Claude Duneton dans son livre La puce à l’oreille fait référence à Louis-Sébastien Mercier qui souligne cette pratique douteuse en 1783 dans son Tableau de Paris, situation soulignée par Théophile Gautier en 1845.

     

    « Les plâtres que l’on emploie dans la construction des maisons font beaucoup de mal, parce qu’ils sèchent difficilement, et que l’on habite imprudemment les édifices nouvellement bâtis. Il n’y a rien de plus dangereux ; la vapeur des murs est funeste et cause des accidents innombrables. Ces émanations enfin ont dans nos foyers des influences meurtrières. De là des paralysies et autres maladies, dont l’origine est attribuée à des causes étrangères. On abandonne ces maisons neuves et humides aux filles publiques ; on appelle cela essuyer les plâtres », Louis-Sébastien Mercier Tableau de Paris, 1783.

     

    « Ces locataires des bâtisses récentes reçurent dans l’origine le surnom disgracieux, mais énergique, d’essuyeuses de plâtres ». L’appartement assaini, on donnait congé à la pauvre créature, qui peut-être y avait échangé sa fraîcheur contre des « fraîcheurs ? » Théophile Gautier, 1845.

     

    On retrouve aussi cette notion chez Delvau, en 1867, en ces termes :            « Essuyer les plâtres » : habiter une maison récemment construite, dont les plâtres n’ont pas encore eu le temps de sécher. Alfred Delvau, Le dictionnaire de la langue verte, 1867.


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