• L’un des oiseaux les plus mystérieux de la planète

    Un gypaète barbu

     

    Présent dans les montagnes d’Asie centrale, d’Afrique de l’Est et d’Europe, le gypaète barbu est un oiseau rare et secret. Cette espèce de vautour suit un régime alimentaire très restrictif à base d’ossements et colorie ses plumes en rouge vif, ce qui lui donne un air martial. Mais malgré son comportement singulier et son aspect intimidant, il est totalement inoffensif envers les créatures vivantes.

     

    Son nom signifie « vautour des agneaux » en allemand

     

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    Son apparence sanguinaire et son alimentation excentrique ont valu au gypaète barbu la réputation d’un rapace qui emporte des agneaux, des veaux, et même des enfants. Bien entendu, ce ne sont que des légendes, car il n’existe aucune preuve de son hostilité envers les humains.

     

    Il se nourrit surtout d’os

     

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    D’autre part, les Espagnols l’appellent « casseurs d’os ». En effet, l’os et la moelle osseuse constituent quatre-vingts pour cent de son alimentation. Son estomac a un pH très acide d’environ 1, ce qui lui permet de digérer en moins de 24 heures les matières les plus dures et indigestes pour d’autres espèces. Ce vautour est un charognard. Après avoir trouvé une carcasse à son goût, l’oiseau l’emporte en hauteur et la laisse tomber sur les rochers pour la briser en morceaux. Pour procéder à ce démembrement spectaculaire, les gypaètes barbus ont même leurs endroits préférés qui portent le nom macabre d’ossuaires. Outre des ossements, ils se nourrissent aussi de petits lézards et de tortues. Étant le seul à pouvoir consommer ce qui reste après le passage des autres charognards, notamment les vautours fauves ou les grands corbeaux, le gypaète peut patienter très longtemps avant de s’approcher des carcasses. Il contribue ainsi à leur élimination ultime en jouant un rôle sanitaire essentiel.

     

    Il se frictionne le plumage de boue pour paraître plus intimidant

     

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    Le plumage des gypaètes présente une variété de nuances, du blanc pur au rouge-orange. Les sols souillés par l’oxyde de fer donnent aux oiseaux leur apparence de feu. Les gypaètes barbus s’appliquent cette boue ferrugineuse à l’aide de leurs griffes avant de se lisser les plumes pendant près d’une heure pour donner une lueur orange vif. De façon générale, ils sont attirés par le rouge des feuilles ou du bois. Les oiseaux en captivité manifestent le même comportement, ce qui permet de le qualifier d’instinctif, contrairement à un comportement appris. Le problème, c’est qu’en l’absence de boue, ils sont condamnés à une blancheur immaculée qui les dévalorise aux yeux de leurs congénères.

     

    Sa coloration orange vif est un symbole de statut

     

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    Car cette boue orange n’a aucun usage pratique. Bien entendu, ce n’est pas un bon camouflage (même si de toute façon les oiseaux ne sont pas menacés par des prédateurs naturels). Les scientifiques ont remarqué que l’âge et la taille des oiseaux ont une corrélation directe avec l’intensité de la couleur. On peut supposer que la teinte orange est un symbole de statut. Une souillure plus intense des plumes indique que le gypaète a le temps et les ressources suffisantes pour trouver un lieu de baignade adapté. Les oiseaux les plus colorés sont censés disposer d’un territoire plus vaste et des meilleures connaissances de leur environnement. Fait intéressant, les bains se font en cachette. Pour cette raison, la plupart des informations ont été recueillies grâce aux observations des oiseaux en captivité.

     

    Le gypaète barbu est monogame (ou presque)

     

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    Jusqu’à l’âge de 4 à 5 ans, le gypaète barbu effectue une sorte de long voyage initiatique au cours duquel il va affronter de nombreux dangers dus à des phénomènes naturels, mais dont une autre partie est de la responsabilité des hommes (câbles électriques, remontées mécaniques, tirs de fusils et empoisonnements). Au terme de son voyage (6-7 ans, âge de sa maturité sexuelle), il va commencer à se sédentariser, à former un couple et à construire une aire inaccessible pouvant mesurer plus de deux mètres de diamètre. Les gypaètes barbus sont le plus souvent monogames et se reproduisent une fois par an. Parfois, surtout dans certaines régions d’Espagne et de France, un gypaète célibataire se joint à un couple préexistant pour créer un trio polyandre. La femelle accepte volontiers un deuxième compagnon qui lui assure une double protection et augmente ses chances d’avoir une descendance. Les oiseaux ne pondent habituellement pas plus de trois œufs pour consacrer à leur progéniture toute l’attention nécessaire.

     

    C’est l’un des plus grands vautours

     

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    Cet oiseau géant peut atteindre une taille de 1m30. Son envergure varie de 245 à 285 cm pour un poids de 5 à 7 kg. Et pourtant, en tant que représentant d’une famille mineure appelée Accipitridés, il est directement apparenté au percnoptère, le plus petit vautour de l’Ancien Monde.

     

    Il peut vivre jusqu’à 45 ans

     

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    En captivité, le gypaète barbu peut vivre jusqu’à l’âge vénérable de 45 ans. La durée de vie moyenne d’un gypaète sauvage dépasse rarement 21,4 ans en raison des décès prématurés liés aux dangers de la nature.

     

    La chasse excessive a provoqué la mise en danger de l’espèce

     

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    Estimant que les gypaètes enlèvent les bébés, les parents concernés ont ouvert une chasse acharnée qui a failli faire disparaître le gypaète barbu de notre planète. Les oiseaux ont été complètement éradiqués de la plupart des régions d’Europe de l’Est dans les années 1990. Aujourd’hui, ils sont classés par l’UICN comme « quasi menacés » limite « préoccupation mineure ». Cette amélioration est due à la variété de leurs habitats et aux efforts de divers groupes environnementaux.  En France, l’oiseau est présent en Corse et dans les Pyrénées. Il a été réintroduit dans les Alpes françaises d’où il avait disparu au début du XXème siècle, victime d’une chasse intensive.

     

    Il peut devenir un formidable animal de compagnie

     

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    C’est l’avis de l’ancien président de l’Union des ornithologues britanniques. Grand voyageur passionné par la fauconnerie, Thomas Littleton Powys (1833 –1896) possédait un couple de gypaètes barbus qu’il trouva très dociles et parfaitement inoffensifs : « En effet, à l’exception de quelques attaques ludiques contre des pantalons, des guêtres, des jupons et des bottes, je n’ai jamais entendu parler de manifestations d’animosité de leur part envers une créature vivante », témoigne l’ornithologue.

     

    Le mythe l’accuse de la mort d’Eschyle

     

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    Le dramaturge grec Eschyle (525-456 av. J.-C.) ne pouvait pas se libérer du sentiment qu’il allait mourir. Suite à une prophétie qui l’avait mis en garde contre la chute d’objets, il passait le plus clair de son temps dehors. Malheureusement, un grand oiseau (probablement un gypaète barbu) a pris sa tête chauve et lisse pour un rocher, en y laissant tomber une tortue. Eschyle est mort sur le coup, mais l’histoire ne dit pas si le gypaète a apprécié son dîner malgré ce dommage collatéral…  Même si cette anecdote tragi-comique n’a aucun fondement historique, elle a le mérite d’accorder à cet oiseau insolite le statut d’un animal mythique. Comme le montrent ces faits surprenants, aujourd’hui encore le gypaète barbu n’a rien perdu de la fascination qu’il exerçait sur nos ancêtres.

     

    Article paru dans Daily Geek Show

     


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