•  Voici une histoire qui ne se déroule pas du côté des Caraïbes, mais en plein Paris le 26 mai 1938. Une découverte plongeant les historiens dans l’un des plus ténébreux mystères du siècle de Louis XV.

    Flaminio Maurès, ouvrier de l’Entreprise Sager, s’attaque à la démolition d’un mur, au 53 de la rue Mouffetard. Des boudins de toile apparaissent. Avec ses compagnons, ils éventrent les rouleaux, des pièces roulent sur le sol. Les prenant pour des jetons de cuivre, ils se les partagent. Nouveaux coups de pioches, nouvelles pièces et partagent.

    L’un d’eux, pris de scrupule, entre chez un bijoutier : En fait, les jetons sont des pièces d’or datant de Louis XV. Le commissariat alerté, la vieille bâtisse appartient à la Ville de Paris. Devant huissier, on découvre d’autres pièces, certaines enroulées dans des parchemins dont sur l’un d’eux un testament : « Je, soussigné, Louis Nivelle, écuyer, conseiller du Roi, maison Couronne de France, lègue à ma fille Anne Louise Claude Nivelle (…) », document daté du 16 novembre 1756.

    La Ville de Paris récupère les pièces chez les ouvriers. On en retrouve dans les cafés du quartier. Une pièce fut même retrouvée dans un distributeur de bonbons de la station métro Robespierre. Au total 3210 louis, 258 doubles louis et 87 demi-louis, soit une fortune d’environ 90000 livres. Une somme très coquette, puisque, à la même époque, la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, avait acheté le palais de l’Elysée 700000 livres.

    Le débat est lancé : à qui appartient le trésor ? Aux descendants de Louis Nivelle ? Aux ouvriers découvreurs ? A la Ville de Paris ? Onze ans de polémique jusqu’au jugement de 1949.

    Louis Nivelle était le fils de l’avocat le plus célèbre du temps de Louis XIV : son père, surnommé « Bouche d’or », avait défendu la marquise de Brinvilliers, la fameuse empoisonneuse. Janséniste, comme sa famille, Louis va consacrer une partie de sa vie à une affaire célèbre en cette première partie du XVIIIème siècle : les « convulsionnaires » du cimetière de Saint-Médard.

    Le premier mai 1727, meurt un pauvre diacre janséniste de cette paroisse, François de Paris. « Un saint » disent les gens du quartier. Et un saint, cela fait des miracles. De curieux phénomènes se produisent sur sa tombe : des malades pris de convulsions guérissent. Ces miraculés sont baptisés « convulsionnaires ». Certains s’infligent des tortures dont ils ne souffrent pas. Véritable spectacle ! La cour se déplace.

    Les jésuites s’inquiètent. Louis XV fait fermer le cimetière. « De par le Roi, défense à Dieu de faire miracle en ce lieu », dira une épigramme.

    Les convulsionnaires ne se considèrent pas battus. Soutenus par de hauts protecteurs, dont Louis Nivelle qui loue un immeuble de la rue Mouffetard, proche du cimetière pour y continuer les séances. Officiellement, il habite avec sa femme et ses deux filles rue de la Coutellerie. Celles-ci élevées dans la piété la plus rigoureuse. Il place l’aînée au couvent, quelque peu insoumise et lègue sa fortune à la cadette.

    Plus le temps passe, moins Louis revient au logis, organisant rue Mouffetard des cérémonies secrètes, dégénérant dans le sadomasochisme pur et simple, avec des gens plus ou moins douteux. Louis Nivelle a besoin d’argent pour « monter » des reconstitutions des martyrs. Il transfère des fonds de son domicile à la rue Mouffetard. Puis il disparaît totalement de son domicile conjugal.

    Son épouse, Marie de la Hogue, fait émanciper sa fille cadette pour éviter la dilapidation de la fortune familiale, ceci en octobre 1757, mais trop tard, car un mois auparavant un inconnu était venu annoncer la mort de Louis Nivelle rue Mouffetard. Dans quelle cérémonie ? Personne ne saura jamais comment…

    Sa fille Anne était donc héritière. Elle épousa à 30 ans, un certain Jean Louis Le Jariel des Forges, grand chambellan du roi de Pologne. Un original qui cachera un trésor en barres d’or. Anne Louise n’en saura rien et mourra entre deux trésors à 73 ans.

     

    Nous revoilà en 1938, les généalogistes ont découvert 83 héritiers dont le sous-gouverneur de la Banque de France…

    La Seconde Guerre mondiale éclate. Le trésor est confié à la Banque de France de Montpellier. Il faudra attendre 1949 et la décision du tribunal de Paris : toutes les pièces enroulées dans les parchemins avec le testament, furent distribuées aux héritiers. Les autres pièces réparties entre les ouvriers « inventeurs » et la Ville de Paris propriétaire. La vente publique eut lieu en 1951 à l’Hôtel Drouot. Au total, les bénéficiaires en retirèrent l’équivalent de 25 millions de francs. Et, encore aujourd’hui, apparaissent des « Louis Mouffetard », dernier miracle du pauvre diacre, François de Paris, de Saint-Médard.

    Conclusion

    Il en va du trésor comme du loto. Il y a le gros lot et les autres, car la valeur historique s’accorde  rarement avec la valeur marchande.

    En tête du palmarès des trésors, on trouvera bien sur les trésors mythiques, toujours cherchés, jamais trouvés.

    A commencer par celui des Templiers. Également celui de Rennes-le-Château, le curé du village, l’abbé Saunière, découvre un fantastique trésor. Après l’avoir dûment caché, il dépense sans compter, édifie notamment une église « rébus ». Certains détails architecturaux renvoient à un site ou se trouverait la cassette du curé.

    Ainsi le diable avec bénitier a une côte qui forme saillie : allusion au lieu-dit « le Plat de la Côte »… 


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