• La généalogie est un domaine passionnant : nous découvrons constamment des éléments nouveaux, nous sommes toujours étonnés, surpris, émerveillés, et le poids des ans ou l'habitude n'y changent rien.

    Ainsi, Monsieur M., lors de ses recherches dans la commune de Reyvroz, en Haute-Savoie, a découvert un acte de décès véritablement extraordinaire, qu'il nous fait partager.

    On le sait, les actes de décès sont souvent très laconiques avant le XIXème siècle. Il est exceptionnel d'y trouver la cause de la mort. Dans le cas présent, celle-ci avait dû choquer tellement de paroissiens, que le curé du village s'est senti dans l'obligation de s'en faire l'écho au travers de ses registres...

    En sus d'être particulièrement difficile à supporter, cet acte nous laisse deviner les difficultés de vie de l'époque, quand la médecine n'en était qu'à des balbutiements qui nous laissent pantois aujourd'hui :

     

    Décès de Claudine Barnod, 14 Mai 1754

    L'an mille sept cent cinquante quatre le quatorze Mai est morte et le jour suivant a été enterrée au cimetière de la paroisse Claudine Barnod veuve de Bernard Colloud âgée de soixante ans munie des sacrements plusieurs fois pendant la maladie qui la prendra l'avenir aussi bien par le passé et le présent ayant eu une tumeur depuis 1747 au ventre et à coté et qui est resté toujours la même, le ventre lui sauta et les boyaux sortirent par cette rupture au dessous de la dite tumeur. Le 8 septembre 1747 ses parents firent appeler le même jour le docteur Dessaix habil chirurgien de Thonon qui après avoir examiné et lavé pendant plus de deux heures de suite les boyaux et jugea pas a propos de les faire rentrer dans le ventre quelques jours après cette pauvre femme fit appeler Marie Dubouloz de cette paroisse et lui fit agrandir le trou avec des ciseaux et les lui remis dans le ventre et fit ensuite une couture à la peau du dehors pour les empêcher de sortir de nouveaux mais la nuit suivante la pauvre défunte senti cette rupture se rouvrir le fil de la couture se cassa et les boyaux sortir derechef qui depuis le fond toujours sauté hors de sont ventre, les portants pliés dans ses linges quelle avoit soin de blanchir elle même pour le faire dans une grande propreté. Le second juillet 1748 les dits boyaux furent compris sont tous les excréments solides et autres, ne sortirent que par ce trou par le moyen de ces boyaux rompus, pendant leur....... elle feroit encore de petits ouvrages, venoit régulièrement aux offices jusqu'à 14 jours avant sa mort quelle fut alité et ce qu'il y a de plus surprenant, est qu'a la nouriture n'étoit que du pain de Perette d'avoine et orge et quelques gouttes d'eau avec du sel et peu de graisse qui fait toute la soupe des pauvres gens de ce pays, dont elle étoit du nombre, tout ce que dessus est très véritable et a été vu par un grand nombre de personnes et surtout de je soussigné entre les mains de qui elle soupira en lui faisant la recommandation de l'âme et mourut en disant que rien ne lui fesoit de peine sauf de n'avoir pas assez souffert pur les péchés en foi de quoi je vais signer .

    Ainsi est signé Germain Curé 

     


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