• Une femme conduit un fiacre dans le bois de Boulogne, en 1914. | Archives SPA.

    Le 9 juin 1866, le préfet de la Seine autorise le débit de viande de cheval. La première boucherie ouvre dès le 9 juillet, avec l’aval de la SPA.

    Depuis le XVIIe siècle, la consommation de cheval était explicitement interdite, même si elle se pratiquait, surtout en période de disette. Mais par sa proximité avec l’homme, la consommation de cet animal noble a de tout temps été marginale.

    Le débat est lancé dans les milieux intellectuels au début du XIXe siècle. Le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire considère qu’elle peut apporter une alimentation carnée à ceux qui en sont privés. De nombreux médecins et vétérinaires plaident en ce sens : manger du cheval serait donner de la viande au peuple, raconte Damien Baldin dans sa passionnante Histoire des animaux domestiques. (Seuil).

    La SPA fait alors la promotion de la viande de cheval

    La SPA, créée en 1845, et reconnue d’utilité publique en 1860, est saisie de la question. Une majorité de ses adhérents, alors essentiellement masculins et issus de la bourgeoisie, estime que les arguments « utilitaires » sont les meilleurs garants de la protection animale: un animal bien soigné sera d’un meilleur rendement.

    Ainsi, un propriétaire d’un cheval de travail motivé pour vendre son animal à un boucher sera peut-être incité à mieux le traiter. De plus, cela éviterait un gaspillage inutile.

    En 1850, en effet, la première loi de protection animale, la loi Grammont, dénonce la violence sur les animaux dans les lieux publics. Elle vise plus particulièrement les brutalités des charretiers (le cheval est omniprésent dans la ville) et prend moins en compte la souffrance animale que la sensibilité du spectateur involontaire. Dans un contexte où le pouvoir se méfie du peuple et cherche à réguler la violence quotidienne.

    Grand succès de cette viande à la fin du XIXe siècle

    La consommation de viande de cheval a connu un grand succès à la fin du XIXe siècle et a décru exponentiellement depuis la Seconde Guerre mondialeLe scandale récent de la viande de cheval a eu une telle ampleur parce qu’il « s’agissait justement de viande de  cheval » souligne Damien Baldin. La répulsion d’un partie importante de la population pour la consommation de cet animal : « cela montre bien que le statut du cheval a glissé d’animal de domestique à animal de compagnie ».

    Article paru dans Ouest-France le 18/02/2014


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