• L’utilisation du mètre causait la décadence de l’architecture 
     

    En 1859, Le Figaro s’amuse à souligner dans une chronique que l’abandon des anciennes mesures duodécimales au profit du mètre est à l’origine d’une architecture pratique, efficace mais sans génie.

     

    L’utilisation du mètre causait la décadence de l’architecture

     

    En ce 3 septembre 1859, Le Figaro percevait déjà la « décadence de l'architecture moderne ». Mieux que cela, il en avait décelé la cause. Une origine insoupçonnée : l’adoption du système métrique, dont le principe avait été adopté dès la Révolution française en 1789. Le chroniqueur Paul d’Ivoi y fait cette découverte lors d’un congrès d’archéologie qui se tenait à Strasbourg.

    « C’est notre funeste système décimal des poids et mesures qui a tué l’architecture, écrit-il. Le système décimal est commode, il est vrai, pour compter, pour multiplier, pour diviser il est exact, il rend impossible les fraudes, il est uniforme et régulier, il a des avantages incontestables, il n’est funeste qu’à l’architecture. L’ancien système de mesures, au contraire, le système duodécimal, le pied, se divisant en douze pouces, le pouce en douze lignes, le sou en douze deniers, etc. était favorable à l’architecture. »

    « Quiconque a adopté le système décimal n’a pas la foi, et ne peut pas faire un bon architecte. »

    Et pourquoi donc ? Tout simplement parce que 10 n’est divisible que par 1, 2 et 5 alors que 12 serait «un nombre sacré». « C’est le nombre des apôtres il est divisible par un, par deux, par trois, par quatre et par six, poursuit l’article. Trois est le nombre sacré par excellence, c’est le nombre divin ; c’est de l’idée de la Trinité que découle l’ogive, gloire de l’architecture gothique. Quiconque a adopté le système décimal n’a pas la foi, et ne peut pas faire un bon architecte. »

    Concluant son explication, l’article relate la mésaventure d’un architecte  strasbourgeois, défenseur du mètre. « Vous mesurez vos constructions avec un mètre et non pas avec une toise ? Allez, vous n’avez pas la foi ; vous ne pouvez être qu’un architecte de décadence. » Voilà pour ceux qui ignoraient les malheurs que nous a attirés le mètre.


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